On ne le répètera jamais assez, notre ami Jean-Paul HUART est fier d’être Ch’timi et son optimisme forcené l’amène à se pencher essentiellement sur ce qui va bien dans notre beau pays, nous en apportant des preuves au fil des pages pour mieux nous en convaincre. C’est pour ça qu’on l’aime ! (notre beau pays, bien sûr… « et toi aussi, JP »).
Le projet a été lancé en 2003 par l’association BMU (Bassin Minier Unifié).
Le 25 janvier 2010, Catherine COLONA, ambassadeur de France auprès de l’UNESCO, a remis la proposition au comité du Patrimoine mondial.
Leurs experts ont effectué une visite sur le territoire à l’automne dernier. L’Unesco devait donner sa réponse d’ici l’été 2011.
Las ! Le 2 février 2011, le gouvernement annonce qu’il ne présentera pas la candidature du bassin minier.
La région Nord-Pas-de-Calais est extrêmement déçue. Mais cette déconvenue ne remet pas en cause le dossier BMU. Il sera présenté à nouveau en 2012 !
Je présente ci-dessous mon article, tel que je l’avais écrit avant de savoir le projet non retenu pour cette année.
LES MINES DU NORD CLASSEES ?
Un ensemble minier de grande ampleur brigue pour la première fois un classement au patrimoine mondial de l’Unesco. Un patrimoine populaire et ouvrier, issu d’une histoire ordinaire se trouvera ainsi reconnu, dixit Jean-François Caron, maire de Loos-en-Gohelle, près de Lens, président de l’association Bassin minier uni, qui a porté cette candidature.
Les nombreux inventaires menés entre 2003 et 2009 ont permis de recenser aujourd’hui plus de 1200 éléments de patrimoine minier sur l’ensemble du territoire. Dans le cadre de la constitution de la proposition d’inscription et compte tenu des normes imposées pour toute candidature, un certain nombre de ces éléments a été sélectionné, dans un souci de représentativité et selon de multiples critères : intégrité, authenticité, architecture, urbanisme, histoire, géologie, géographie, diversité des paysages, état de conservation, protection et gestion…
Au final, 25% de la totalité du patrimoine (353 éléments) ont été retenus. Concernant 87 communes, le périmètre proposé inclut ainsi :
- 17 fosses ou vestiges significatifs,
- 21 chevalements (ensemble d’étais destinés à soutenir provisoirement une construction),
- 51 terrils,
- 54 kilomètres de cavaliers,
- 3 gares,
- 124 cités,
- 38 écoles et groupes scolaires,
- 26 édifices religieux,
- 22 équipements de santé,
- 7 équipements collectifs divers : salle des fêtes, maison syndicale, équipements sportifs,
- 3 « Grands bureaux » de Compagnies minières,
- 4 000 hectares de paysage.
270 ANS D’HISTOIRE
1720 : Découverte de charbon à Fresnes-sur-Escaut et naissance du Bassin du Nord.
1757 : Fondation de la première compagnie minière, la Compagnie des Mines d’Anzin.
1832 : La Compagnie des Mines d’Anzin crée la première caisse de secours chargée de verser des allocations aux mineurs blessés.
1841 : découverte du charbon à Oignies.
1847 : Sondage à la fosse de l’Escarpelle, près de Douai, donnant l’impulsion pour la mise en exploitation du Bassin du Pas-de-Calais.
1906 : Catastrophe des Mines de Courrières, 1099 morts.
1913 : Le Bassin du Nord-Pas de Calais produit 67 % de la production nationale (27 millions de tonnes) et emploie 130 000 mineurs.
1914-1918 : Première Guerre mondiale : 103 fosses détruites (sur environ 150), 1900 kilomètres de galeries inutilisables.
1930 : Production record de 35 millions de tonnes (64% de la production nationale).
1939-1945 : Seconde Guerre mondiale : exploitation systématique par les troupes occupantes.
1946 : Loi de Nationalisation et création des Houillères du Bassin du Nord-Pas de Calais. Institution du « Statut du mineur ».
1947 : 222 000 mineurs travaillent dans le Bassin minier au plus fort de la Bataille du charbon.
1956 : Production de 29 millions de tonnes, 166 000 mineurs.
1968 : « Plan Bettencourt » qui prévoit l’arrêt progressif de l’activité.
1971 : Production de 15 millions de tonnes, 62 000 mineurs.
1974 : Catastrophe de Liévin : 42 morts.
1981 : Production de 4 millions de tonnes, 24 000 mineurs.
1990 : La dernière « gaillette » est remontée à la fosse du 9-9 bis de Oignies.
La fête de la Saints Barbe Le statut du mineur
Maison syndicale de Lens Mémorial de Bruay-la-Buissière
Se caractérisant par la massivité de ses héritages bâtis, le Bassin minier du Nord-Pas de Calais est également le support d’une histoire et d’une mémoire, celles des mineurs et de leurs familles, témoignant de l’apparition et de la constitution d’un modèle de classe ouvrière, dans ses relations au travail, ses actions collectives, ses modes de vie et ses pratiques culturelles.
Par l’activité minière s’est forgée une cohésion de groupe, une identité collective qui a donné naissance à une véritable conscience de classe prenant forme dans les mouvements collectifs de revendication. Le souvenir des mouvements de grève témoigne de l’engagement d’un groupe qui a organisé sa révolte et qui s’est structuré par les syndicats. Dans le Bassin du Nord-Pas de Calais, au même titre que d’autres bassins miniers français, la précocité de ces actions collectives a fait progresser la législation du travail et la situation des mineurs a parfois été très en avance comparée à d’autres métiers en France.
Immigration, années 1930, société colombophile
L’immigration a accompagné l’histoire du Bassin minier du Nord-Pas de Calais durant ses trois siècles d’activité. Au fur et à mesure de leur développement, les mines du Nord-Pas-de-Calais deviennent un puissant aimant démographique et particulièrement après la Première Guerre mondiale quand les embauches se font massives afin de remettre en état les installations détruites. Ainsi, des hommes et des femmes de 29 nationalités différentes sont venus s’installer dans le Bassin.
Les pratiques, les associations et les sociétés héritées de la mine, désormais soutenues par les municipalités et les collectivités territoriales, donnent au Bassin minier une énergie associative forte et dense. Parmi ces pratiques se trouvent la colombophilie, le sport (football, gymnastique, tir à l’arc, boxe, cyclisme), les pratiques artistiques (harmonies), le jardinage, les pratiques festives (fête de la Sainte Barbe).
Jean-Paul HUART