A plusieurs reprises dans ces colonnes, j’ai relaté l’avancée de ce musée à LENS. C’est fait ! Il a été inauguré le 4 décembre 2012 par le Président de la république. Alors que, pour la première année, on attend 700 000 visiteurs, le 100 000ème a été fêté avant la fin du premier mois.
Le Louvre-Lens suscite un engouement qui dépasse les espérances.
A quoi ressemble le Louvre-Lens ? Quand le ciel est gris, le bâtiment conçu par les architectes de l’agence japonaise Sanaa ressemble à un nuage d’aluminium et de verre, posé sur une terre noire d’où surnagent de maigres îlots de pelouse. Le chantier extérieur est loin d’être achevé, le grand parc paysager attend encore ses plantations. Le hall d’accueil abrite derrière des lames de verre une librairie, un espace de documentation et un salon. Derrière l’accueil, on aperçoit des arbres et les maisons où vivent encore d’anciens mineurs et leurs familles.
Sur la fosse numéro 9, la Galerie du temps
Le Louvre-Lens a été bâti à l’emplacement même du site de la fosse numéro 9, un puits de mine dont l’exploitation a cessé en 1960. En 1998, lors de la Coupe du monde de foot, cet emplacement avait été reconverti en parking. Aujourd’hui, ce sont les trésors de l’Egypte ancienne, du Moyen-Age, de la Renaissance qui occupent le terrain. Deux grandes galeries, l’une dite Galerie du temps, la seconde consacrée aux expositions temporaires, constituent l’épine dorsale de ce nouveau musée.
La Galerie du temps. La première est une immense nef d’un seul tenant. On y évoque l’histoire des collections du Louvre, depuis la naissance de l’écriture (3.400 avant J.-C.) jusqu’au chef-d’œuvre de Delacroix, « La liberté guidant le peuple », peint au lendemain des journées de 1830. Sculptures, objets d’art, tableaux, dessins, céramiques (plus de 200 pièces en tout) sont montrées dans des vitrines, sur des socles ou de simples cimaises.
Quand on suit le sens de la longueur, le parcours est chronologique ; quand on navigue de gauche à droite, on découvre les œuvres réalisées à la même époque. Un exemple ? Tout à côté du célèbre « Monsieur Bertin » de Ingres (peint en 1832), on découvre une stèle funéraire turque de 1809 et un immense portrait du souverain de la dynastie qadjare Fath Ali Shaj, œuvre d’un peintre actif en Iran au début du XIXe siècle, Mehr Ali.
La galerie des expositions temporaires (dont l’entrée sera payante – 9 euros plein tarif – alors que l’accès à la Galerie du temps sera gratuit jusqu’en décembre 2013) est plus traditionnelle : succession de salles qui accueillent pour une durée de six mois un ensemble consacré à la Renaissance. Clou de cette présentation, la « Sainte-Anne » de Léonard de Vinci, récemment restaurée, a fait le déplacement.
A Lens, le coût total de l’opération s’élève à 150 millions d’euros, la région Nord Pas-de-Calais y contribuant pour 59%, l’Europe (à travers le Fonds européen de développement régional) pour 20%, le conseil général du Pas-de-Calais et les communautés d’agglomération de Lens-Liévin et d’Henin-Carvin en assumant le reste. Guy Delcourt, maire de Lens, espère la création de 500 emplois dans les années à venir, principalement dans l’hôtellerie et la restauration.
En arrivant sur le site, vous pouvez voir deux grands terrils dont la silhouette sombre se découpe sur l’horizon. Ils sont, paraît-il, plus hauts de 50 mètres que la pyramide de Khéops. Un Louvre, des pyramides, des terrils, Lens fait désormais partie de l’histoire.
JP HUART